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à la conquête blanche une résistance opiniâtre et désespérée ; d’entre ceux-là même, les plus avisés, les Chinois, par exemple, se voient, pour soutenir cette lutte inégale, réduits à demander à leurs adversaires une portion, notable des engins de toute nature avec lesquels ils essayeront de les combattre. Les régions les plus inaccessibles qui, naguère, nous étaient « moins connues que la lune », l’Asie centrale, l’intérieur de l’Afrique, sont aujourd’hui traversées en tous sens par de hardis explorateurs, missionnaires de toute confession, commis-voyageurs de l’Association internationale belge-africaine, précurseurs de prochaines conquêtes militaires ou économiques. Depuis la récente ouverture des ports de la Corée, depuis qu’on a rétréci les approches du Tibet, à peine si, sur notre planète entière, une seule nation se maintient isolée.

Pourtant, à l’heure actuelle, la civilisation n’en est pas moins répartie d’une façon très inégale entre les peuples des diverses régions du globe : les contrastes les plus saisissants et les plus imprévus frappent à chaque pas. En Australie, non loin des villes florissantes et tout européennes de Sydney, Melbourne, Adelaide, Brisbane, les tribus indigènes s’éteignent dans l’abrutissement ou mènent la plus misérable des existences. En attendant les effets de l’œuvre régénératrice commencée par le plus sympathique des don Quichottes modernes, S. M. Mikloukho-Maclay[1], les Papous, au milieu de ce siècle

  1. Il est mort en Russie, en avril 1888.