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L’ « affreuse gargote d’Argenteuil » n’était pas l’unique campement de la bande joyeuse. Parfois Maupassant fuyait les endroits trop civilisés pour une retraite plus discrète. Il allait s’installer dans un cabaret isolé de Bezons ou de Sartrouville ; et là il écrivait des vers qu’il soumettait au jugement de Flaubert, et dont quelques-uns figurent dans le recueil qu’il devait faire paraître en 1880 ; certaines pièces, qu’il jugea sans doute moins heureuses, n’ont pas été publiées avec les autres ; mais sa mère ou ses amis les ont conservées pour lui, et quelques-unes ont été imprimées après sa mort[1] : l’une de ces pièces raconte une partie de canotage et la rencontre que fit le poète d’une compagne aimable et peu farouche ; le dénouement alerte ne manque pas de grâce :

Poète au cœur naïf, il cherchait une perle ;
Trouvant un bijou faux, il le prit, — et fît bien ;
J’approuve, quant à moi, ce dicton très ancien :
« Quand on n’a pas de grive il faut manger un merle. »

C’est également dans la modeste maisonnette du bord de l’eau que Maupassant élabora plus d’un scénario pour des comédies et des drames qui ne devaient jamais être écrits. Il communiquait ses essais, ses brouillons et ses notes à Petit-Bleu, confident attitré de ces tentatives littéraires. M. Léon Fontaine a recueilli quelques-unes de ces œuvres

  1. Notamment dans l’étude déjà citée d’A. Brisson.