Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marquer dans la carrière de Maupassant et laisser de curieux souvenirs jusque dans son œuvre. Dès cette époque, la vie du bureau, le spectacle des mystères administratifs, la fréquentation de ses chefs et de ses collègues étaient pour lui la source de jouissances sincères et l’occasion de farces inépuisables. Il satisfaisait là ce penchant à la mystification qui ne l’abandonna jamais, ce besoin de charge à outrance qui égaya toute sa jeunesse. Ceux qui le rencontraient aux dîners de Catulle Mendès, artistes et écrivains, préoccupés surtout de graves problèmes d’esthétique, épris de discussions littéraires, s’étonnaient de lui voir apporter dans la conversation des anecdotes documentées et des invectives énergiques contre le personnel du ministère. Sur ce point, il ne tarissait pas[1]. Il poursuivait dans un milieu nouveau ces observations scrupuleuses, cette enquête attentive sur la simplicité humaine, qu’il avait entreprises naguère avec les pêcheurs et les paysans d’Étretat, ses premiers compagnons. Et plus tard, dans ses nouvelles, il se souviendra de la chronique des bureaux et des types d’employés qu’il a connus, comme il se rappelle les aventures de son enfance et toutes ses impressions de la terre normande. Sur cette existence humble et monotone des petits bureaucrates, fertile en incidents comiques et en

  1. Cf. H. Roujon, loc. cit.