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chant Maupassant à ce fructueux vagabondage, vint lui fournir de nouveaux sujets d’observation. Il avait vingt ans lorsque la guerre de 1870 éclata. Rouen fut envahi. Guy s’engagea et fit campagne. Les souvenirs de l’invasion lui inspirèrent plus tard de nombreuses nouvelles[1]. Il s’est plu à conter les anecdotes dont il avait été le témoin, sinon le héros, et à mettre en scène les personnages qu’il avait connus, depuis le piteux Walter Schnaffs jusqu’à l’héroïque père Milon. L’existence réelle de l’un au moins de ces personnages est attestée par Mme  de Maupassant[2] ; l’on connaît aujourd’hui jusqu’au nom véritable de Boule de Suif, une femme de mœurs galantes qui habitait Rouen au moment de la guerre[3] ; les autres personnages de la nouvelle sont également pris sur le vif ; et quant à l’aventure qui fait le sujet du récit, elle paraît véridique, bien que la principale intéressée ait tenu, jusqu’à la fin de sa vie, à protester énergiquement contre le dénouement. On sait aussi que l’héroïne de Boule de Suif ne fait qu’une seule et même personne, non pas avec Mlle  Fifi, comme on

  1. Les fragments publiés du roman l’Angelus contiennent aussi des impressions de l’invasion de Rouen par les Prussiens. (Revue de Paris, 5 mars 1895). Le début de Boule de Suif renferme la description de la retraite du petit corps d’armée dans lequel Maupassant faisait campagne comme garde mobile.
  2. A. Brisson, loc. cit.
  3. Elle s’appelait Adrienne Legay, elle est morte sans ressources, il y a une dizaine d’années ; Mme  de Maupassant regrettait de n’avoir pu lui venir en aide, ayant été informée trop tard de sa situation.