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Fécamp ; elle ne pouvait pas toujours surveiller d’aussi près qu’elle l’aurait souhaité une éducation qu’elle voulait complète, et sa tendresse maternelle commençait à s’alarmer des dangers ou des tentations possibles. Si délicats que fussent ses soins, si solide que fût sa propre culture, elle sentait que d’autres leçons étaient nécessaires à l’enfant.

Guy entra au séminaire d’Yvetot. Il se trouva très malheureux, n’étant en rien préparé à la réclusion et à la discipline qui succédèrent sans transition aux libres escapades d’Étretat. On a dit ce qu’était à cette époque le séminaire d’Yvetot, « cette citadelle de l’esprit normand[1] », où se rencontraient les fils des cultivateurs riches et ceux de l’aristocratie locale ; ils y venaient apprendre le latin, quelques-uns par vocation sincère du sacerdoce, les plus nombreux pour échapper au service militaire ; et tous y prenaient des manières spéciales et un accent particulier qu’ils gardaient, paraît-il, toute la vie et reconnaissaient après bien des années chez leurs anciens condisciples.

Guy de Maupassant échappa du moins à cette empreinte, et le séminaire, d’où il tenta maintes fois de s’évader et d’où l’on finit par le renvoyer, n’eut sur la formation de son caractère et de son esprit aucune influence décisive. Tout lui pesait, tout lui était hostile dans cette maison. Avant tout, l’inter-

  1. Hugues Le Roux, Portraits de cire.