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sans désir de jamais jeter l’ancre nulle part, si doux que soit le ciel, si souriante que soit la terre…[1]. » La vie errante du yacht Bel-Ami permit à Maupassant de retrouver un jour ces inoubliables impressions de son enfance. Il ne semble pas qu’à ses promenades et à ses jeux Guy ait beaucoup associé son frère Hervé, de six ans plus jeune que lui ; d’ailleurs, Hervé ne tint pas une grande place dans son existence, et nous n’aurons guère à parler de lui dans la suite de cette étude[2].

III

Quand son fils eut treize ans, Mme  de Maupassant jugea bon de l’arracher à cette oisiveté vagabonde. Des affaires de famille rappelaient fréquemment à

  1. Souvenirs de Mme  de Maupassant, A. Lumbroso, p. 292.
  2. Hervé de Maupassant était sous-officier de cavalerie dans une garnison de Bretagne, en 1877. Guy emprunta à son frère quelques traits du personnage de Bel-Ami. Plus tard, Hervé, qui avait beaucoup de goût pour la botanique et qui avait formé un herbier de grande valeur, dirigea à Antibes une exploitation horticole dont son frère avait fait généreusement tous les frais. À la suite d’une insolation, il fut atteint d’une paralysie générale qui nécessita son internement dans une maison de santé ; Guy de Maupassant payait la pension de son frère. Hervé mourut le 13 novembre 1889 ; il était marié et laissait une fille. Guy de Maupassant fut très frappé par la maladie et la mort de son frère. C’est à la suite de ces événements douloureux qu’il écrivit certaines pages symptomatiques de son volume Sur l’Eau.