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fils la villa des Verguies, qui lui appartenait et qui devait son nom aux vergers innombrables dont est couverte cette partie de la campagne normande. On raconte encore dans le pays une légende naïve et gracieuse, où le « diable des Verguies » joue un rôle essentiel[1].

La villa des Verguies, que Maupassant appela toujours la « chère maison », était à une petite distance de la mer, au bas de la route de Fécamp. C’est de là que partait l’enfant pour aller rejoindre ses amis les pécheurs, c’est de là qu’il suivait sur cette mer, qu’il aima toute sa vie d’un amour sincère, le vol des barques agiles. Et plus tard, illustre et riche, c’est près de la maison de son enfance qu’il fit construire la jolie villa de la Guillette, pour venir y reposer son corps et retremper son esprit dans la saine et calme existence d’autrefois, devant le paysage familier de ses premières années.

Un grand jardin entourait la maison des Verguies. Mme  de Maupassant l’avait dessiné elle-même. Quarante ans plus tard, après le deuil cruel qui avait brisé sa vie, elle évoquait encore le beau jardin, rempli de bouleaux, de tilleuls et de sycomores, d’épines roses et blanches, de houx superbes, la maison peinte en blanc, d’aspect rustique, le balcon revêtu de vigne vierge, de jasmin et de

  1. Cette légende est rapportée par A. Lumbroso, dans son livre, p. 298.