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C’était, en effet, le théâtre qui le préoccupait le plus dans les dernières années de sa vie. Il avait confié à quelques amis ses projets de pièces[1]. Notamment il destinait au Théâtre-Français, pour ses débuts, une comédie en trois actes, qui n’était pas la Paix du ménage. Mais il ne voulait pas entendre parler du Comité de lecture et s’emportait quand on lui opposait la règle.

Je tiens à vous donner ma pièce, disait-il à J. Claretie, je vous donnerai ma pièce ; vous la jugerez tout seul, vous la recevrez tout seul, et vous la jouerez !… Je l’écrirai cet été, le plan en est achevé, je vous l’apporterai cet automne et vous la jouerez cet hiver[2].

Déjà Maupassant avait eu plus d’un démêlé avec la direction du Gymnase au sujet de Musotte ; il écrivait à Victor Koning, en lui déclarant qu’il ne lui donnerait plus rien pour son théâtre : « Vous avez un succès avec la moindre de mes nouvelles. Or j’ai écrit cent vingt nouvelles au moins qui valent celle-ci [la nouvelle l’Enfant d’où est tirée Musotte] ; c’est donc cent vingt succès qui vous échappent, c’est-à-dire une fortune, des années de fortune qui s’en vont. Tant pis pour vous ! » Sous

  1. Voir l’article de J. Normand, dans le Figaro, auquel nous avons déjà fait quelques emprunts, et l’article de J. Claretie, la Dernière pièce de Maupassant, Notes intimes (Annales, 27 mai 1900).
  2. J. Claretie, art. cité.