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clarté, sont raturées ; certains mots ont été répétés ou corrigés plus d’une fois ; Maupassant écrit revierai pour reviendrai, Darchoin pour Dorchain, lide pour lire, touches pour douches ; en écrivant, il sautait des membres de phrases, l’agitation de sa pensée devançait les mouvements de sa main, et il les ajoutait ensuite en marge, tant bien que mal ; à la fin d’une lettre, le 26 décembre, il met : « Je vous serre cordialement (sic) » et au bas de sa dernière lettre connue : « C’est un adieu que vous envoie » (sic).

V

Dès le mois de novembre 1891, Maupassant comprit que tout était fini. Aux amis qu’il voyait à cette époque il laissait entendre que rien désormais ne pouvait le tromper, et qu’il aurait au moins le courage de s’affranchir lui-même. L’un d’eux dîna avec lui dans l’intimité, à bord de son yacht, au vieux port de Nice ; Maupassant ne mangea rien et causa microbes ; il reconduisit son ami par une soirée d’étoiles, sur la route de Beaulieu, et, prenant congé de lui, dit mélancoliquement : « Je n’en ai pas pour longtemps… Je voudrais bien ne pas souffrir[1]. » À un autre, après de doulou-

  1. Henry Ronjon, art. cité.