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partit pour Cannes. Là, il put encore avoir quelque temps l’illusion d’être guéri. Il écrit à sa mère le 30 septembre :

Je me porte admirablement. N’ai plus peur Cannes. Fais délicieuses promenades en mer. Je reste jusqu’au 10 (octobre), puis irai boire à Paris un coup de vie mondaine de trois semaines pour me préparer au travail[1].

Les mots : n’ai plus peur Cannes sont assez difficiles à expliquer : s’agit-il d’une appréhension que Maupassant avait conçue sur l’influence du climat pour sa santé ? ou ne s’agit-il pas plutôt des terreurs nocturnes, des hallucinations qui le poursuivaient et dont il avait déjà fait confidence à sa mère ? Quant au travail en question, ce n’est pas tant la suite de l’Angelus que la préparation d’un article sur Tourguéneff dont Maupassant avait fait le plan depuis longtemps.

Ces espérances et ces projets n’eurent pas de suite. Le mal s’accentua d’une manière décisive dans les deux derniers mois de 1891 et la crise finale est proche. Les autographes des lettres de Maupassant qui ont été publiés[2] nous permettent de suivre jusque dans son écriture le désordre de sa pensée ; les phrases, qui manquent souvent de

  1. Télégramme public par A. Lumbroso, p. 89.
  2. Plusieurs des lettres inédites que M. Lumbroso a publiées dans son livre sont reproduites sous leur forme autographe.