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VI

Ces détails n’étaient pas inutiles pour mieux faire comprendre l’attitude de celui qui fut, suivant le mot de Goncourt, « le véritable homme de lettres ». Mais si toute la vie de Maupassant témoigne de son attachement absolu à l’œuvre littéraire, il est juste d’ajouter qu’il ignora jusqu’à la fin toutes les faiblesses et tous les compromis où se laisse trop souvent entraîner l’auteur à succès. Toujours il conserva l’intégrité et l’indépendance de sa personne d’écrivain et sa vie ne cessa pas un seul instant d’être en accord avec son caractère. Il est certaines déclarations de sa jeunesse dont la sincérité a été suspectée, à cause de la forme caustique ou brutale qu’il donnait volontiers à ses propos : et pourtant aucun acte de sa vie ne les a démenties. Nous faisons allusion notamment à son attitude vis-à-vis de l’Académie française. Il avait dit : « Trois choses déshonorent un écrivain : la Revue des Deux Mondes, la décoration de la Légion d’honneur et l’Académie française. » Maupassant n’était pas décoré et ne se présenta jamais à l’Académie. Son dernier roman, il est vrai, parut dans la Revue des Deux Mondes[1] ; mais il semble que cette collaboration

  1. Notre Cœur, en 1890.