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alla jusqu’à découvrir dans l’étude de Maupassant sur le roman, où son nom n’était même pas prononcé, une allusion malveillante pour lui. Une phrase sur l’écriture artiste[1] avait éveillé son attention, et il écrit dans son Journal :

Dans la préface de son roman, Maupassant, attaquant l’écriture artiste, m’a visé sans me nommer. Déjà, à propos de la souscription de Flaubert, je l’avais trouvé d’une franchise qui laisse à désirer. Aujourd’hui, l’attaque m’arrive en même temps qu’une lettre, où il m’envoie par la poste son admiration et son attachement. Il me met ainsi dans la nécessité de le croire un Normand très normand[2].

Mais que dire de la franchise d’E. de Goncourt qui écrit, sous l’influence évidente d’unressentiment tenace, ce jugement brutal, alors que Maupassant venait d’être interné :

Maupassant est un très remarquable novelliere, un très charmant conteur de nouvelles, mais un styliste, un grand écrivain, non, non[3] !

C’était, quatre ans après, la réponse triomphante de « l’amateur », la revanche de l’écriture artiste.

  1. « Il n’est pas besoin du vocabulaire bizarre, compliqué, nombreux et chinois qu’on nous impose aujourd’hui sous le nom d’écriture artiste, pour fixer toutes les nuances de la pensée. » Étude sur le Roman, p. XXXIII.
  2. Journal des Goncourt, t. VII, 10 janvier 1888.
  3. Ibid., t. IX, 9 janvier 1892.