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V

Nous avons essayé de rappeler ce qu’il est nécessaire de savoir, pour comprendre l’œuvre de Maupassant, de sa vie errante. Il nous reste à montrer, pour tracer un tableau d’ensemble de son existence à cette époque, ce qu’il donnait de lui-même au monde et à l’amitié, pendant les loisirs que lui laissaient le souci de son art et la passion des voyages.

Maupassant n’aimait point le monde. Cela, il faut le dire et le répéter, parce que, trop souvent, trompé par les singularités de son caractère et les excentricités inconscientes des dernières années de sa vie, on s’est plu à le représenter comme une sorte de vaniteux « entaché de snobisme et grisé par la fréquentation des Altesses[1]. » Il est certain que lorsqu’il fut devenu un homme à la mode, on le rechercha, on l’adula, et les salons les plus difficiles se le disputèrent, avec cette âpreté comique que lui-même a si bien rendue dans un de ses romans[2]. Mais toujours il conserva une indépendance hautaine, un peu méprisante, une politesse froide qui n’a pu tromper personne ; ceux qui ont parlé de morgue, de pose, de snobisme,

  1. En regardant passer la vie, p. 101.
  2. Notre Cœur, édition Ollendorff non illustrée, p. 145.