Page:Maynial - La Vie et l’Œuvre de Maupassant, 1907.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passant, se défiant de la déformation que le souvenir inflige aux objets, retourna vérifier le paysage avant d’achever l’œuvre[1]. Cette histoire de passion très exaltée, très ardente et très poétique, assez différente de ses premiers romans, « le changeait et l’embarrassait », suivant ses propres expressions ; et pendant qu’il y travaillait, en mars 1886, il écrit à une amie :

Les chapitres de sentiment sont beaucoup plus raturés que les autres. Enfin ça vient tout de même. On se plie à tout, ma chère, avec de la patience ; mais je ris souvent des idées sentimentales, très sentimentales et tendres que je trouve, en cherchant bien ! J′ai peur que ça ne me convertisse au genre amoureux, pas seulement dans les livres, mais aussi dans la vie. Quand l’esprit prend un pli, il le garde ; et vraiment il m’arrive quelquefois, en me promenant sur ce cap d’Antibes, — un cap solitaire comme une lande de Bretagne, — en préparant un chapitre poétique au clair de lune, de m’imaginer que ces histoires-là ne sont pas si bêtes qu’on le croirait[2].

Mont-Oriol fut achevé en décembre 1886 et, après avoir été publié en feuilleton dans le Gil Blas, parut chez Havard en 1887.

  1. D’après les souvenirs personnels de Mme de Maupassant communiqués à M. Lumbroso, p. 338.
  2. En regardant passer la vie, p. 102.