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contente pas toujours de demander à l’une ce qui est rigoureusement nécessaire pour mieux expliquer l’autre. Trop souvent, le désir de satisfaire aux exigences les plus discutables du public sert d’excuse à de singulières recherches. Maupassant n’a pas échappé à cette fatale indiscrétion. Plus même que beaucoup d’autres, le roman tragique de sa vie passionne une curiosité peu noble et peu respectueuse. Longtemps la pieuse sollicitude d’une mère défendit sa mémoire contre cette injurieuse atteinte ; seuls quelques amis contèrent discrètement les souvenirs de ses premières années ; ils dirent ce que fut cette existence active, laborieuse, pleine d’exubérance et de santés jusqu’au jour de la crise douloureuse ; ils rappelèrent de charmantes anecdotes sur sa vie de plein air ou sur sa vie errante, qui aidaient à comprendre et faisaient mieux goûter ses livres. Mais, depuis la mort de Mme  Laure de Maupassant[1], la chasse au document est devenue plus fructueuse : d’impitoyables révélations ont éclairé peu à peu la fin obscure et misérable du puissant romancier.

Dans cette bibliographie déjà considérable, qui s’est constituée en dix ans autour du nom de Mau-

  1. Mme  de Maupassant est morte à Nice, le 8 décembre 1903, dans sa 83e année.