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sieurs expériences récentes, celle de George Sand[1], celle de Flaubert, dont il souffrit, l’avaient mis en garde contre le danger possible. Ses amis observèrent les précautions qu’il prenait pour donner à ses lettres une forme aussi sèche et aussi neutre que possible. « Il ne se laissait aller que fort rarement, dans ce genre d’écrits de nature intime, à des dissertations littéraires et aux jeux d’esprit qu’aurait pu lui suggérer le désir de plaire à une femme, même quand il était en coquetterie réglée avec elle. Il préférait s’en tirer par une brève formule, comme dans l’histoire des six poupées que lui avait envoyées la comtesse P.. à Cannes. C’était plus prudent[2]. »

Mais toute sa prudence n’a pu empêcher qu’après sa mort ne commençât dans les journaux et dans les revues cette chasse aux souvenirs et aux documents qui fait partie aujourd’hui de l’histoire littéraire. Il semble que, désormais, la vie d’un écrivain intéresse plus que son œuvre et l’on ne se

  1. Cf. l’article qu’écrivit Maupassant sur la Correspondance de George Sand dans le Gaulois du 13 mai 1882.
  2. Charles Lapierre, Souvenirs intimes sur G. de Maupassant. {Journal des Débats, 10 août 1893.) Dans plusieurs de ses nouvelles, notamment dans celle qui est intitulée Nos lettres (recueil Clair de lune), Maupassant a exprimé à diverses reprises cette inquiétude particulière à l’égard de la correspondance posthume. [Cf. aussi l’épisode bien connu d’Une Vie, édit. Ollendorff, non ill., pp.215 à 218, et la nouvelle la Veillée, dans le recueil le Père Milon]. »