Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 3, éd. Garrisson, 1888.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

SONNET.

Mon Ame, il faut partir. Ma vigueur eſt paſſée,
Mon dernier jour eſt deſſus l’horiſon.
Tu crains ta liberté. Quoy ? n’es-tu pas laſſée
D’avoir ſouffert ſoixante ans de priſon ?

Tes deſordres sont grands. Tes vertus ſont petites,
Parmy tes maux on treuve peu de bien.
Mais ſi le bon Jesus te donne ſes merites,
Eſpere tout & n’apprehende rien.

Mon Ame repens-toy d’avoir aymé le Monde ;
Et de mes yeux fay la ſource d’une Onde
Qui touche de pitié le Monarque des Rois.

Que tu ſerois courageuſe & ravie
Si j’avoy ſoûpiré durant toute ma vie
Dans le Deſert ſous l’ombre de la Croix !