Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/89

Cette page n’a pas encore été corrigée


Philandre, doncques ton bel œil
Qui luit aux ombres du cercueil
Ne sera plus cher à mon âme,
Ha ! Que dis-je, ne le crains pas ;
Car les glaces de ton trespas
N’esteindront point en moy sa flame.

Encore qu’un nouveau vainqueur
Possède par amour mon cœur,
Ta chere et douce souvenance
Ne partira pourtant de moy ;
Mais, ô dieux, en changeant de loy
N’offencé-je pas ma constance ?

Hé ! Mais comment donc retenir
Ton agréable souvenir,
Comme l’object de ma pensée,
De qui part ma gloire, et mon bien,
Si le ciel d’un autre lien
Veut rendre mon âme enlassée ?

Un cœur ne se divise pas,
Quoy donc ? Parce que le trespas
M’a ravy ta douce lumière,
Je dois esteindre mon amour,
Et comme tu quittas le jour
Délaisser ma flame première ?