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Si bien, dit-elle, qu’autre amour
Ne peut en moy faire séjour.
– de quelle erreur es-tu charmée ?
Belle nymphe, hélas ! Je te plains !
Mais pour toy mes regrets sont vains,
Comme en vain tu es consumée.

Mais las ! Dit-il, voy quelle erreur
Vient bander les yeux de ton cœur
Pour l’empescher de voir ta perte,
Et faire qu’en fin, de ce deuil
Qui pousse ta vie au cercueil,
Ton âme ne soit plus couverte.

Si ton Philandre ne vivoit
Que par ton âme qu’il avoit
En son cœur par amour enclose,
Hé ! Nymphe, tu ne vivrois point,
Depuis ce déplorable point
Que sa journée au soir fut close.

Tu serois dedans le tombeau,
Et ne verrois plus le flambeau
Qui nous esclaire en ce bocage ;
Car sans esprit on ne vit pas.
Si donc Philandre est au trespas,
Son âme en a faict le voyage.