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Tristement alors soupirant,
Son œil soudain doux esclairant
Mouillé de larmes devint sombre ;
Comme le soleil radieux
Quand sa sœur oppose à nos yeux
L’obscurité de sa noire ombre.

Puis, ayant l’œil de pleurs voilé,
Dressant au séjour estoilé
Sa triste et langoureuse veuë,
Après maint souspir soucieux,
Elle dit : – rendrez-vous, ô dieux !
Mon attente tousjours deceuë ?

Je ne verray donc plus celuy
Qui seul peut changer mon ennuy
En des joyes incomparables ;
Et plus j’iray vous réclamant,
Plus vous serez injustement
A ma prière inexorables ?

A ceste plainte, le berger
Estonné se leva léger
Et, voyant la nymphe esplorée,
Qui, depuis sa verte saison,
Retenant son cœur en prison,
Estoit en son ame adorée,