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Ce rocher, bien loing escarté,
L’ayant remis en liberté,
Et son esprit hors de tristesse,
Il sortit pour sécher ses yeux
Au rayon doux et gracieux
De sa belle et chere déesse.

Mais las ! Son espoir fut déceu.
Son soleil n’a guère apperçeu ;
Craintif avoit jà pris la fuitte,
Loin de ce rude croulement.
Lors, il dit en se r’enfermant :
– hé ! Mon âme, où es-tu réduite ?

Que me sert ta faveur, Amour,
Hélas ! Si recouvrant le jour,
Je perds le suject de ma vie.
Dieux ! Par trop de mon bien jaloux,
Dites, pourquoy m’en avez-vous
Si tost la présence ravie ?

J’estois dans le tombeau vivant,
Quand ma déesse m’y trouvant,
M’en a retiré pitoyable ;
Et or, vous me la ravissez !
Que faites-vous, dieux insensez ?
Elle n’est qu’à moy seul ployable.