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De ces pleurs et de ces sanglots
Par un excez d’amour esclos,
Et d’une pitoyable plainte
Elle alloit les dieux réclamant,
Qui touchez de ressentiment
Rendirent sa douleur esteinte.

Desja, son beau jour obscurcy
Ressembloit au couchant noircy
Lorsque le soleil se retire,
Et Philandre, à demy-pasmé,
N’estoit d’autre esprit animé
Que de ce douloureux martyre

Quand, comme les vents enfermez,
Par leurs mouvements animez,
Pour sortir esbranlent la terre,
Et croulent les monts sourcilleux
Renversans les pins orgueilleux,
Comme un traict que Jupin desserre,

Ainsi, leurs souspirs exhalez
Et deux torrents de pleurs coulez
Dedans cette grotte sauvage
Avecques le secours des dieux,
Rompirent l’obstacle envieux
Qui tenoit Philandre en servage.