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– quel secours attens-tu de moy ?
Sinon de plaindre ton esmoy,
Respondit-il à sa déesse ;
Mais, ceste plainte ne peut point
Adoucir le mal qui t’espoint
Et qui rengrége ma tristesse.

Pour ne me laisser t’approcher,
Le ciel m’oppose un dur rocher
Qui se mocque de ma puissance ;
Et te voyant, las ! Je ne puis
Dissiper mes tristes ennuys
Qui r’enforcent leur violence.

Jadis, au doux jour de tes yeux,
Mon ennuy le plus soucieux
Se perdoit soudain comme une ombre :
Toutefois, ores, ma langueur,
Auprès de ton œil, mon vainqueur,
Me fait des morts croistre le nombre.

Je m’en vay peu à peu mourant...
Alors la nymphe souspirant
L’interrompit de ceste plainte :
– ô ciel ! Au moins, ne permets pas
Que le sort nous pousse au trespas,
Sinon par une mesme attainte.