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– mais, disoit-elle, mon soucy,
Tu n’as pas toy-mesme noircy
Le serain de ta douce vie :
C’est le fier destin, et les dieux
De nostre bonheur envieux
Qui m’ont ta présence ravie.

Mais quoy ? Pensent-ils, les jaloux,
Avoir tout seuls un œil si doux,
Et m’en oster la jouissance ?
Non, non, si tu ne vis pour moy,
Je veux perdre le jour pour toy,
Toy, doux suject de ma souffrance.

Pendant que la nymphe pleuroit
Et coup dessus coup souspiroit,
Elle apperceut la douce rive
Où son bonheur fut accomply
Eh ! S’escria-t-elle, l’oubly
Donc hélas ! Te retient captive,

Ô âme, butin de la mort !
Puis elle alla devers ce bord
Proche de l’antre de Philandre,
Où il disoit : – puisque les cieux
Me deffendent de voir ces yeux
Que me sert, hélas ! De l’attendre ?