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Adieu, doux suject de mes maux.
Alors, ces cruels animaux,
Attisans leur brutale rage,
Se joignirent plus rudement
Qu’un flot de l’ondeux élément
Ne heurte le roc d’un rivage.

Pendant que ces monstres affreux
Disputoient fièrement entr’eux
A qui seroit si douce proye,
D’un arbre à l’autre s’esloignant,
A chasque pas alloit craignant
Qu’ils ne recogneussent sa voye.

Ce danger estant esvité,
Pour revoir sa chère beauté
Il retourna dans la caverne
Où il avoit vaincu son dueil ;
Mais elle devint un cercueil
Presque aussi triste que l’Averne.

Car sa belle n’y estant plus,
Il eut, d’estonnement perclus,
L’âme de peur si fort frappée,
Que tombant my-pasmé de dueil
Il fit un ruisseau de son œil
Par qui sa face estoit trempée.