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– un autre donc va savourant
Le fruict que j’allais espérant
De toy, cher object de ma flame :
Et moy je n’auray d’autre bien
Que l’honneur d’avoir un lien
Le plus beau qui ait onc pris âme.

Soit, car bien que la fière loy
Du sort jaloux et de mon roy
M’oblige à un ingrat martyre,
Je me console en mes travaux,
D’avoir pour cause de mes maux
L’astre de l’amoureux empire.

Mais las ! à quoy ? Si ce flambeau
M’ouvre la porte du tombeau
Par mille rigueurs inhumaines.
Plustost, sous les pieds du mespris,
Foulons sa beauté qui m’a pris
Sans souffrir en vain tant de peines !

Gravons au pied de ce rocher :
Si son œil jadis me fut cher
Maintenant il m’est haïssable !
Mais non, car si, en l’adorant,
Le ciel veut que j’aille mourant,
Je tiendray ma mort honorable.