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− Amour, recours des amoureux
Traversés du sort rigoureux,
Unique roy de ma pensée :
Ne vois-tu pas que ce soleil
Venant au point de son sommeil,
Ta gloire est partout effacée.

Que tardes-tu à secourir
Celle dont la mort fait mourir
Et mon espoir, et ta puissance ?
Si son œil meurt, qui te craindra
Et qui désormais te rendra
Ny de vœux, ny d’obeyssance ?

Quand tu as triomphé des dieux,
N’a-ce pas esté par ces yeux
Que le mal au trespas va rendre,
Et ces inévitables dards
N’estoient-ce pas les doux regards
De ces yeux qui sçavoient tout prendre ?

Lors, Amour, se resouvenant
Qu’onc ne s’en alla couronnant
D’une glorieuse victoire,
Que par ces yeux remplis d’appas,
En vint esloigner le trespas,
Afin de conserver sa gloire.