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Ayme-moy, et crois que toy seul
Es le seul object de mon œil
Et que je te suis plus acquise
Que je ne le suis pas à moy.
− aussi, dit-il, asseure-toy,
Que Philandre est tout à Florize.

Ce discours, suivy d’un baiser,
Qu’elle ne luy sceut refuser
Unit si doucement leur âme,
Que dèslors, ils ne furent qu’un,
Ne respirans qu’un air commun
Et à l’une et à l’autre flame.

Un temps s’écoula si heureux
Parmy leurs plaisirs amoureux,
Qu’à leurs vœux tout estoit propice.
Où que les portast leur désir,
Ils cueilloient les fruicts du plaisir
Que produit la royne d’érice.

Les antres estoient leurs palais
Où les plus mignards oiselets
Desgoisoient leurs plus doux ramages :
Pendant qu’enlassez de leurs bras
Ils mouroient et ne mouroient pas
Parmy les amoureux orages.