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La nymphe qu’Amour possédoit,
Quand ces plaintes elle entendoit,
Ne pouvoit, sans aucune feinte,
Cacher son amoureux tourment.
Aussi pourquoy plus longuement
Se fust-elle en cela contrainte ?

Il estoit temps de descouvrir,
Voire ses pensées lui ouvrir
Pour faire voir que son mérite
Avoit au profond de son cœur,
Du traict de son œil, son vainqueur,
La douce loy d’amour escrite.

Aussi luy dit-elle, en riant,
Et avec sa voix mariant
Ses regards, flambeaux de sa vie :
− berger, si je n’ay pas esté
Telle que tu as souhaitté,
Ne me crois pas ton ennemie.

Car, par une feinte rigueur,
Ayant à mespris ta langueur,
J’ay voulu de toy faire espreuve,
Estimant que par fiction
Ton âme eusse l’affection,
Que véritable ores je treuve.