Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/36

Cette page n’a pas encore été corrigée


Puis (je ne sçay s’il recogneut
Que la nymphe pour luy ne fut
Comme elle estoit si dédaigneuse),
Luy dit : − princesse de mon cœur,
Pardonne à mon extresme ardeur,
Si ma plainte t’est ennuyeuse.

Si le feu qui me va bruslant
N’était en moi si violent,
Je pourrois, pour ne te desplaire,
Sans me plaindre souffrir mon mal :
Mais, rien ne lui estant esgal,
Sans mourir je ne puis me taire.

De toy seule dépend mon sort ;
Je vois et ma vie et ma mort
Peinte en tes yeux roys de mon âme.
Je vis, si chassant tes rigueurs.
Tu veux que je t’ayme ; et je meurs
Si tu tiens à mespris ma flame.

Si tu me dis que pour guérir
De l’amour qui me faict mourir,
Il ne te faut point voir, cruelle,
Fais donc que tes yeux n’ayent pas
Tous ces charmes et ces appas,
Qui te font trop aimable et belle.