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Mais les dieux vangeront un jour
Ceste insensible à mon amour,
Hélas ! Ayez en souvenance,
Ô vous supremes deïtez
Afin que de ses cruautez
Elle face la pénitence.

Ces plaintes qu’amour enfantoit,
Et devers la nymphe portoit,
Eurent tant de pouvoir sur elle,
Qu’en fin son courage endurcy
S’amolissant par la mercy
La fit devenir moins cruelle.

Son cœur alors meu de pitié
Eust de sa nouvelle amitié
Au berger donné cognoissance ;
Mais la crainte l’en empescha,
De manière qu’elle cacha
Dessous un feint ris sa souffrance.

Ce ris tesmoin d’une rigueur,
Moins véritable dans son cœur
Qu’apparente sur son visage
Fit dire à l’autre nymphe : − hélas
Comment sous de si doux appas
Peux-tu cacher si fier courage ?