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Car, ayant en toy des beautez
Autant qu’en ont les deïtez,
Tu ne peux estre qu’adorable ;
Si que, de ton amour blessé
Chacun est doucement forcé
De t’advouer l’incomparable.

Les effects de tes yeux sont tels
Qu’ils changent les cœurs en autels,
Pour t’y adorer, belle idole.
Mesme le grand maistre des dieux
Blessé par le traict de tes yeux,
Victime à ta beauté s’immole.

Tout ce que le ciel nous faict voir,
Et tout ce qu’on peut concevoir
De beau, de parfaict et d’aymable
Est en toy avec tant d’appas,
Que te voir et ne t’aymer pas
Est une erreur inexcusable.

De moy, je t’immole mon cœur,
Astre dont le regard vainqueur
Repaist mon âme d’ambrosie.
Et ne m’importe que les dieux,
Quand j’idolatreray tes yeux,
Soient emflammez de jalousie !