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Un cœur souspire librement
Quand il souffre peu de tourment :
Mais quand la douleur est extrême,
Et telle que tu me la feints,
Tous les sens de tristesse atteints
N’ont point d’action en eux mesmes ;

Car la langue qui seule peut
Exprimer le mal dont se deult
Une âme de douleur atteinte,
Ne peut rompre l’empeschement
Que luy apporte le tourment,
Ou qui procède de la crainte.

— mais quoy ? C’est humeur des amans
De feindre des embrazemens
Quand ils sont tous remplis de glace !
Ainsi dit la nymphe, faisant
Paroistre un sous-ris séduisant
Parmi les attraits de sa face.

— celui qui peut feindre n’est point
D’autre traict de douleur espoint,
Ou n’a pas encor veu Florize ;
Mais, quiconque vit esclairé
De ton beau regard adoré,
Il ne cognoist point la feintise ;