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La nymphe qui secrettement
En son âme l’alloit aymant
Depuis qu’elle eut la cognoissance
De son mérite nompareil,
Tournant devers luy son bel œil
Qui donnoit à son mal naissance,

Luy dit : − amour ne daigne point
Faire les traicts dont il t’espoint
Des tristes regards de ma veue ;
Car on me peut voir aisément
Sans brusler de l’embrasement
Dont tu dis que l’ardeur te tue.

- ma belle, pourquoy voulez-vous
Estimer que vos regards doux
Ne soient les traicts inévitables,
Dont amour blesse les mortels,
Puisque les grands dieux immortels
Les redoutent (eux redoutables) ?

-pensez, dit-il, qu’amour, ce roy
Qui prescrit aux hommes la loy,
Et tient les dieux sous son empire,
N’arme son arc victorieux
Que des regards de vos beaux yeux,
Dont mon cœur traversé souspire.