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La nymphe qui l’accompagnoit,
Pareil estonnement peignoit
Dessus sa face rougissante ;
Quand le berger plein de douleur
Tira du profond de son cœur
Cette parole languissante :

- nymphe, ne vous estonnez point,
Si mon cœur, vivement espoint
Du traict de vostre belle veuë,
Publiant sa captivité,
Dit que, loing de vostre beauté,
Une triste langueur le tuë.

Tout ainsi que le jour vermeil
Agréable effect du soleil,
Apparoist, où sa cause esclaire,
Mon amour, effect de vos yeux,
Esclatte et résonne en tous lieux,
Où ils font briller leur lumière.

Pour céler un si doux tourment,
Ains un si doux contentement
Que les dieux quittent l’ambrosie
Pour en savourer la douceur ;
Seroit-ce pas avoir le cœur
Possédé d’une frénaisie ?