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Non, je veux que de mon amour
La posterité parle un jour,
Et qu’elle raconte à sa race
Que ta beauté royne des cœurs,
Fut la cause de mes ardeurs,
Et que l’histoire que je trace,

Je l’offre à tes divins appas,
Encore qu’elle ne soit pas
Digne de toy, belle adversaire ;
Mais, après t’avoir immolé
Mon cœur de ta flame bruslé,
Quelle autre offrande puis-je faire ?

Reçois-la donc, et lis ces vers
Où sont peints les effects divers
D’amour le doux roy de mon âme.
Possible apprendras-tu d’aimer,
Et en me voyant consumer,
Voudras-tu brusler de ma flame ?

Comme un chevreul, après l’hyver,
Voyant le printemps arriver
S’esgaye en son aimé bocage,
Et solitaire loing du bruit,
Où son pied libre le conduit
Erre sans crainte de dommage ;