Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/137

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Le berger l’y accompagna,
A qui l’œil senestre saigna
Présage de son infortune :
Mais las ! Aveugle à son malheur,
Il ne pensa pas qu’un grand heur
Est envié de la fortune.

Après avoir reveu les lieux
Où jadis avecques les dieux
Leur âme vivoit d’ambrosie,
Où Amour leur esprit blessa
Et où leur malheur commença
Par une fière jalousie,

Ils s’en allèrent reposer
Pour mieux à l’aise deviser
De leurs infortunes passées,
Au plus haut d’un mont verdissant
Qui s’alloit en pointe advançant
Sur les colines abbaissées.

Là main et maint embrassement,
Suivy d’un doux contentement,
Pour asseurance de leur flame,
Interrompit souvent le cours
De leurs agréables discours
(les doux enchantemens de l’âme).