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Si bien, mon cher et doux espoir,
Que je crains que le désespoir
Ne porte sa main irritée
A couper le fil de tes jours,
Et qu’ainsi de ton doux secours
L’espérance me soit ostée.

Mais las ! Vueillent les dieux benins
Prolonger nos heureux destins,
Et leur donner mesme limite,
Faisans avorter sans effect
Le barbare et mortel project
De son cœur où la rage habite.

– ne doutez pas, mon cher soleil,
Que sa main, dit-il, au sommeil
Pousse ma journée imparfaicte,
Les dieux ne le permettront pas,
Et puis il court à son trespas
Tant plus à me nuire il s’appreste.

D’un coup je l’iray terrassant !
– ha ! Non, dit-elle l’embrassant,
Fuy sa rencontre infortunée :
Car plus un mortel est heureux
Alors le destin rigoureux
Rend plus tost sa course bornée.