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Et toy, giroüette à tout vent,
Qui vas mon âme decevant
Du point de sa moisson de joye,
Si vivant tu l’as pleuré mort,
Désormais regrette son sort,
Et dessus son tombeau larmoye.

Avant que ce jour qui reluit
Ait faict place à l’ombreuse nuict,
Tu ne verras plus ton Philandre,
Que comme on voit un corps blessé,
Et de mille coups traversé
Sous la tombe obscure descendre.

Atant se teut, puis d’un pied prompt
Ayant la rage sur le front,
Et aux yeux ardemment dépeinte,
Il partit colérant son cœur,
Pour estaindre celuy dont l’heur
Rendoit son espérance estainte.

La nymphe alors appréhendant
Que par un sinistre accident
Sa gloire ne lui fust ravie,
Fit prière aux dieux immortels
De reboucher les traits mortels
Du fier ennemy de sa vie.