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Quand un cœur pense s’esjouyr,
Et se voir d’aise espanouir
Comme les fleurs la matinée,
Qu’il semble que pour luy les dieux
Facent luire le jour aux cieux,
Il voit changer sa destinée.

Son bonheur tristement fauché
Ressemble à un œillet touché
De la rigueur d’un prompt orage.
Il baisse son chef languissant ;
Et qui l’avoit veu rougissant
Ne peut que plaindre son dommage.

Pourquoy d’inégales ardeurs
Amour, embrases-tu nos cœurs ?
Que te sert de nous ouyr plaindre,
Or’d’un excès de cruauté,
Ores de la légèreté
Du sort qu’on ne peut assez craindre.

Tu vas marchant dessus mon cœur
D’un pied superbement vainqueur,
Me rendant si remply de flame
Que mes souspirs ne sont que feu,
Et si je ne puis tant soit peu
Trouver d’ardeur dedans mon ame