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Soleil dont le jour m’est si doux,
Encore que mon fier jaloux
M’oste le bien de ta présence,
Si est-ce que de ton bel œil,
Bien qu’il soit cause de mon dueil,
Je chériray la souvenance.

Après ces mots, elle partit,
Et son ame se despartit
De sa demeure coustumière,
Pour vivre dedans les beaux yeux
De ce berger victorieux,
Suject de sa flame première.

Philandre, à l’escart retiré,
Ayant son esprit martyré
De la fatale souvenance
De Florize, astre de son cœur,
Et pensant au pouvoir vainqueur
D’amour, cause de sa souffrance,

Disoit : – hélas ! Sous quelle loy
Et sous quel tyrannique roy
Nos ames sont assujetties !
Celuy qui plus ayme est haï,
Et le plus fidelle trahy
N’a pour des fruicts que des orties.