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Et tu es tousjours un rocher
D’où mon dueil ne peut approcher,
Insensible aux douces atteintes
Dont amour m’a blessé le cœur,
Et semble, hélas ! Que ta rigueur
Se paisse du son de mes plaintes.

Ay-je trop peu de fermeté ?
Ma face est-elle de beauté
Et d’attraicts si fort despourveuë,
Qu’elle ne puisse t’embraser
Du feu dont tu sçais m’attiser
Par le doux rayon de ta veuë ?

Mille soubs le joug de ma loy
Se sont venus plaindre de moy
Qui desdaignois leur sacrifice ;
Mais leur importune amitié
N’a peu me touchant de pitié
Me rendre à leur désir propice.

Mesme celuy à qui le sort
M’assemble d’un contraire effort
Ne me fut jamais agréable :
Toy seul as paru à mes yeux
Ainsi qu’un soleil gracieux
Seul entre les mortels aimable.