Page:Maynard - Œuvres poétiques, t. 2, éd. Garrisson, 1887.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée


Philandre, doucement surpris,
Luy respondit : – belle Cypris,
Si mon ame n’estoit atteinte
Du traict divin d’une beauté,
Je ferois que ma liberté
Seroit de vos beaux yeux estreinte.

Mais, Amour ne me permet pas
D’idolatrer d’autres appas
Que ceux du soleil de mon ame ;
Et, bien que le ciel envieux
M’ait privé du jour de ses yeux,
Rien pourtant que luy ne m’enflame.

Je ne puis lier ma raison
Des chaisnes d’une autre prison ;
Car les premiers noeuds de ma vie
Estoient si beaux et si parfaicts
Qu’encore qu’ils soient my-défaicts
Si la tiennent-ils asservie.

Mais las ! à quoy tous ces discours,
Puis qu’ils sont pour moy sans secours ?
Adieu ! – ha ! Berger, luy dit-elle,
Ne t’esloigne pas de mes yeux,
Ce discours t’est-il ennuyeux,
Ou suis-je pour toy trop peu belle ?