reverrait avec plaisir. J’attendis donc la fin de la prière, sous l’ombre d’une muraille, à quelque dislance du rivage ; après quoi je hélai le vieux reïs.
« Hassan el Reïsan, oh ! io !
— Qui m’appelle ? Allah est grand ! C’est mon fils, le Nemsi Kara Effendi !
— Oui, c’est lui, Abou Hassan !
— Viens, mon fils, monte, il faut que je t’embrasse. »
Je fus bientôt sur le pont. Hassan m’accueillit avec toutes les démonstrations orientales.
« Que fais-tu ici ? me demanda-t-il enfin.
— Je me repose de mon grand voyage ; et toi ?
— Je reviens de Dongola, où j’ai conduit un chargement de feuilles de séné ; une voie d’eau s’est déclarée, j’ai dû m’arrêter quelques jours.
— Combien de temps comptes-tu rester ici ?
— Nous partons demain ; où demeures-tu ?
— À droite… là-bas ; tu vois cette maison de pierre ?
— Ton hôte est-il un bon hôte ?
— Oui, c’est le cheikh el Beled (maire ou juge du village, du lieu) ; je suis très content de lui ; tu viendras ce soir, Hassan ?
— J’irai, si ta pipe est en bon état.
— Je n’ai qu’une pipe, tu apporteras la tienne ; mais je te donnerai d’excellent tabac.
— J’irai. Resteras-tu longtemps ici ?
— Non, je voudrais retourner au Caire.
— Eh bien ! viens avec moi, j’aborderai à Boulakh (faubourg du Caire). »
Cette proposition me fit réfléchir. Je repris :
« Hassan, tu me nommes ton ami ?
— Tu l’es ; demande-moi ce que tu voudras, je le ferai, si cela m’est possible.
— J’attends de toi un très grand service, Abou Hassan !
— Parle. Quel est-il ?
— Je te le dirai ce soir, si tu viens prendre le café avec moi.
— J’irai. Seulement, mon fils, j’oubliais que je suis invité déjà dans la maison où tu loges.
— Chez le cheikh ?