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sur les bords du nil

— Ton envoyé l’a prononcé.

— Un infidèle ne doit pas répéter le nom des croyants.

— Je répète le nom d’une femme qui peut-être sera morte, demain ! »

Il me regarda avec terreur, cacha son visage dans ses mains et balbutia :

« Est-ce vrai, médecin, qu’elle pourrait être morte demain ? »

Le médecin répondit : « Oui.

— Et tu ne peux la sauver ?

— Qui sait ? Tu ne m’as pas laissé achever ; peut-être aurais-je essayé de…

— Oh ! ne dis pas peut-être ! Promets-moi de la sauver, je te donnerai tout ce que tu demanderas.

— Laisse-moi donc essayer, cette fois je…

— Ah ! à la bonne heure, donne-moi vite le talisman ou le remède.

— Je n’ai ni talisman ni remède infaillible ; fais-moi voir la malade.

— Es-tu fou ? L’esprit du désert a soufflé sur ton cerveau ! Ne sais-tu pas que la femme sur laquelle l’œil d’un étranger s’est arrêté doit mourir ?

— Que veux-tu ! elle mourra, bien plus certainement encore si je ne la vois pas. Il faut que je sente son pouls, que je l’interroge ; nous ne pouvons, nous autres Européens, connaître ni soigner autrement la maladie.

— Comment ! tu ne possèdes ni talisman ni paroles magiques ! tu ne sais pas prier pour la malade !

— Je prierai pour elle en la soignant ; mais Dieu veut que nous joignions à la prière l’application et les moyens qu’il a mis entre nos mains.

— Quels sont ces moyens ?

— Le suc de certaines fleurs, les métaux que renferme la terre, et desquels nous tirons des substances capables de combattre le mal.

— Si tu lui parles, que lui diras-tu ?

— Je lui demanderai ce qu’elle éprouve et où est son mal.

— Tu ne lui diras rien que cela ?

— Non.

— Tu prononceras devant moi chacune de tes phrases ?