Page:May - Les Pirates de la Mer Rouge, 1891.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée
65
une aventure en tunisie

Au même moment apparaissait le vékil, criant de toutes ses forces :

« Pourquoi laissez-vous aller cet homme, chiens que vous êtes ! fils de rats et de souris ! »

Les injures pleuvaient comme grêle, quand la vékila se présenta, cette fois exactement voilée.

« Qu’y a-t-il ? me demanda la grassouillette petite femme.

— La troupe s’est emparée de mon guide, on a délivré mon prisonnier ! répondis-je.

— scélérats, brigands, hypocrites !…

— Et tout cela, Effendina, sur les ordres du vékil !

— O le ver de terre, l’indocile ! Ma main le punira sur l’heure ! »

Vékil et vékila rentrèrent ensemble dans la maison, nous laissant le champ libre.

Halef me dit tout bas :

« Elle est le vékil, et lui la vékila ! Sidi, nous sommes tout aussi en sûreté sous son ombre que sous l’ombre du sultan !… Allah soit loué, qui ne m’a pas fait l’époux d’une mégère !

« O puissance féminine, ton sceptre s’étend donc au sud comme au nord, au levant comme au couchant ! »

Ainsi se termina notre aventure, ainsi se montra la justice turque. Nous passions du tragique au grotesque ; la vie chemine pareillement d’un extrême à l’autre.



Les Pirates de la mer Rouge.
5