— Pourquoi cela ?
— Nous n’avons plus de guide ! Ô Sadek, mon ami ! ô le frère de mon âme ! que ton esprit me pardonne, car j’ai causé ta mort ! Je te vengerai ! je le jure par la barbe du Prophète ! à moins que je ne périsse ici…
— Tu ne périras pas, Halef.
— Ah ! Sidi, il faudra mourir de soif et de faim, si nous ne sommes pas engloutis.
— Non, nous trouverons un guide.
— Qui donc, Sidi ?
— Omar, le fils de Sadek.
— Comment le trouverions-nous ici ?
— N’as-tu pas entendu Sadek nous dire que son fils était allé à Seftimi, et qu’il reviendrait ce soir ?
— Nous rejoindra-t-il ?
— Je l’espère bien ! Sadek a dit aussi que la route de Sefti se confond, au moins pendant un tiers de sa longueur, avec celle de Fetnassa.
— Effendi, tu me rends la vie ! Oui, c’est vrai, attendons Omar.
— Ce sera aussi pour lui un bonheur que cette rencontre, car nous lui apprendrons que le chemin s’est effondré. »
Nous nous assîmes l’un près de l’autre ; le soleil dardait des rayons brûlants qui eurent bientôt séché nos habits : une croûte de sel y resta seulement attachée, et ils durcirent comme du cuir aux endroits où ils avaient été mouillés.
Les heures s’écoulèrent lentement ; il n’en restait plus que trois avant le coucher du soleil. Nous commencions à nous inquiéter ; enfin une ombre s’avança, elle venait de l’Orient. Nous la vîmes se rapprocher petit à petit ; puis Halef, se levant d’un bond, murmura :
« C’est lui ! »
Il fit un porte-voix de ses deux mains, criant tant qu’il pouvait :
« Omar ben Sadek, viens vite ici ! »
Le piéton hâta sa marche, et lorsqu’il eut reconnu l’ami de son père, il dit gravement :
« Sois le bienvenu, Halef Omar !
— Hadji Halef Omar, » reprit mon compagnon, formaliste jusque dans un pareil instant.