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UNE AVENTURE EN TUNISIE

hadji Aboul Abbas, ibn hadji Daoud el Gossarah. Tu comprends ? il descend d’une noble et pieuse famille pleine de mérites, et dont tous les membres furent hadji, quoique…

— Sidi, interrompit Halef avec une vive pantomime exprimant tout son effroi, ne parle pas des mérites de ton serviteur. Il ne veut en avoir qu’un près de toi, celui de t’obéir volontiers, tu le sais…

— Oui, je l’espère, Halef ; mais alors ne raconte pas ce qui se passe entre nous ; tu entends ? Demande plutôt à ton ami des nouvelles de son fils, dont tu vantes la bravoure.

— Il t’a parlé de lui, Effendi ? s’écria le père tout heureux. Dieu te bénisse, Halef, de penser à ceux qui t’aiment ! Omarben Sadek, mon fils, est allé sur le chott du côté de Seftimi ; il reviendra ce soir.

— Nous aussi, nous voulons traverser le chott ? reprit Halef ; tu nous guideras.

— Vous ! Et quand ?

— Aujourd’hui même.

— Où allez-vous, Sidi ?

— À Fetnassa ; la route est-elle praticable ?

— Elle est dangereuse, Sidi, très dangereuse ; il n’y a que deux voies un peu sûres pour traverser : celle d’El Toserija, entre Toser et Fetnassa, celle d’El Souida, entre Nefta et Sarsin. La route de Fetnassa est la plus périlleuse, certainement. Il n’y a ici, à Kris, que deux guides qui la connaissent bien : moi et Arfan Rakedim.

— Ton fils ne connaît pas cette route ?

— Si, mais il ne s’y est jamais engagé seul ; il connaît mieux le chemin de Seftimi. Ce chemin rejoint celui de Fetnassa et se confond avec lui pendant le tiers du trajet.

— En partant vers midi, à quelle heure arriverions-nous à Fetnassa ?

— À l’aube du lendemain, si ta monture est bonne.

— Tu te chargerais donc de nous guider, même pendant la nuit ?

— Oui, si la lune se montre ; si elle se cache on peut s’arrêter : il y a des endroits où le sel porterait tout un camp.

— Eh bien ! tu consens à nous conduire ?

— Oui, Effendi !

— Allons voir le chott.