« Que contiennent ces trois tachterouan ? me demanda Mohammed.
— Trois hommes que le cheikh Zédar ben Houli avait voulu faire périr dans les tortures. Je te raconterai cela. Où sont les cheikh prisonniers ?
— Ici, dans la tente ; mais les voilà qui viennent à nous. »
Le cheikh des Abou Hammed, le regard étincelant, s’approchait de moi en effet ; il aperçut de loin le butin que nous avions ramené, et me dit d’un ton plein de colère :
« As-tu pris plus que tu ne devais ?
— Les conventions ont été exécutées, cheikh, répondis-je froidement.
— Je veux faire compter le bétail devant moi.
— Tu le peux ; cependant je dois t’avouer tout de suite que j’ai pris quelque chose dont nous n’avions point parlé.
— Quoi donc ?
— Veux-tu le voir ?
— Oui, certes.
— Viens ! »
Il appela son fils aîné ; les autres cheikh nous suivirent. Je me rendis, ainsi entouré, à l’endroit où Halef faisait décharger les trois chameaux qui portaient les malades.
« Connais-tu ces hommes ? demandai-je à Zébar.
— Les Yézidis ! s’écria-t-il stupéfait.
— Oui, ceux que tu as fait lentement torturer, ceux qui, par tes ordres, devaient périr d’une mort affreuse, comme tant d’autres de tes victimes, monstre que tu es ! »
Il me regarda d’un air farouche.
« Qu’a-t-il fait ? demanda Esla el Mahem.
— Ce qu’il a fait va vous épouvanter tous ! » repris-je indigné ; et je racontai sommairement les horreurs dont j’avais été témoin. Je parlais encore, lorsque Lindsay, resté un peu en arrière, parut à cheval avec ses domestiques ; le second fils de Zédar était attaché à sa selle. A cette vue le cheikh des Abou Hamed se tourna vers moi, dans le paroxysme de la rage, en criant :
« Allah akbar ! qu’est ceci ? Mon second fils prisonnier !
— Comme tu le vois !
— Et pourquoi ?
— Il a été l’instrument et le complice de tes crimes. Il a gardé