— Neuf mille.
— Votre tribu n’est pas riche. On ne vous demandera probablement que dix chevaux, cent chameaux, trois cents bêtes à cornes, dix ânes et mulets, deux mille chèvres et brebis. »
Là-dessus s’élevèrent des cris et des hurlements affreux. Ces malheureux me faisaient pitié ; mais je ne pouvais rien rabattre, et je savais que les conditions étaient très douces, en comparaison de ce qui se pratique ordinairement dans ces circonstances.
Lorsque les lamentations commencèrent à s’apaiser, je dis d’un ton rude à l’assemblée ;
« Silence ! votre chef a consenti aux conventions.
— Nous ne pouvons payer une telle rançon !
— Vous ne pouvez ? bah ! Ce qu’on a volé, on le rend plus facilement que son propre bien.
— Nous n’avons rien volé. Pourquoi nous traites-tu de brigands ?
— Silence ! N’avez-vous pas cherché à me dépouiller moi-même ?
— C’était une plaisanterie, seigneur.
— Une plaisanterie de pillards ! Voyons, combien avez-vous de pâturages ?
— Six.
— En comptant ceux des îles ?
— Oui, six.
— Même ceux de l’île, d’où j’ai vu venir vos jeunes guerriers ?
— Oui.
On m’a dit que vous en aviez davantage ; mais votre bouche est pleine de mensonges. Dites-moi, que faites-vous dans cette île ? »
Ils se regardèrent, et l’orateur de la troupe reprit :
« Il y a là quelques hommes.
— Quels hommes ?
— Des étrangers.
— Pourquoi y sont-ils ?
— Nous n’en savons rien.
— Qui le sait ?
— Le cheikh seul.